When Damiel jump leads to a curve
03 Monday Mar 2014
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in” Si on m’a déjà brûlé les ailes, devrais-je haïr le soleil” disais-tu ?
Pour bien écrire il faut “souffrir” disait Dostoïevski, être torturé par le doute pour le bien de tous. Car à quoi sert de prendre la plume si ce n’est pour lever bien haut “l’étendard de l’honneur”, à moins que ça ne soit les « hontes » de Cioran ou les envols de Win Wenders. Ici il n’est question ni de Cioran ni de Dostoïevski ni de Wenders, il s’agit d’abattre une histoire, d’empêcher le réel de rentrer dans nos poches, et de couper le cordon avec la muse que nous avons crée, afin que la vérité à l’état brut nous fasse basculer de l’autre coté du mur. Car il est impossible de vivre sur la lame d’une épée et nul ne nous sauvera de cette chose, dans cette demi-obscurité ou on se rassemble pour observer ton absence.
Bien sur, on peut choisir de remettre la musique et faire comme si rien n’avait changé, mais il existe un endroit ou elle ne s’est jamais « tue », ou le temps s’arrête régulièrement comme une pensée perdue pendant qu’elle se forme…Non le réel dans nos poches n’a pas encore sa place car « l’âme sage ne verra pas la mort» Keter Malkhout, 30,et l’écorce de la terre ne te retiendra pas pour l’éternité.
Nous avons “Mario” comme Hölderlin avait ses deux chaises…et tu étais sa maitresse. Il y a ici une souffrance à expliquer et personne pour expliquer…
Mon amie, tu avais repris le droit de tracer tes trajectoires, jamais très droites, toujours palpitantes, le quotidien était pour toi une récréation suffisamment variée pour avoir raison de ton cynisme. Les combats, tout ca, c’était avant que le rationnel parte en fumée et que ta voix cesse de hurler avec les loups…Car comme Hölderlin, tu as fini de comprendre ta recherche du vide, qui est toujours déchirure, à travers laquelle surgit l’amour, le renoncement. Damiel a sauté, Hölderlin s’étirait sur une chaise dans une chambre vide.
La porte que tu n’avais pas encore ouverte devant toi s’est ouverte : Libérée de ta chair tu es proche de ton désir : faire de rien du miel (Bouddha). Mais ton vide est illisible et c’est la que tu te situes aujourd’hui, c’est la qu’il faut chercher… Et de ton nuage tu ris de l’hypocrisie qui sert de tombeau à notre loyauté : les relations se créent pour mieux se défaire. Je t’entends dire : « pas la notre » ….Alter égo de nos vices, complice de nos folies, nous fumions le monde sans aucun scrupule, architectes du chaos, nous régnions sur notre enfer pour que quelques illuminés du ciel viennent aujourd’hui nous sermonner sur le Derech Eartz.…à rêver de lendemain qu’on chante dans le psaume 122. Nous avions mis la barre très haut…Avant de réaliser la chimère des buts justes , mais nous savions que la réalité nous confronterait tôt ou tard et que l’on devrait alors rendre nos comptes.
J’ai, depuis, chaque nuit , essayé de comprendre ton «saut»…tantôt tragique, tantôt idyllique, tu savais forcément que les divers scénarios qui te traversaient l’esprit ne se réaliseraient sans doute jamais…mais avec de la chance, ce qui arriverait dépasserait tes espérances les plus folles, avec une probabilité légèrement plus élevée cependant, quelque chose allait foirer, quelque chose foirait toujours…Loin de faire preuve d’un incurable pessimisme, ton attitude s’approchait plutôt d’un pragmatisme forcené.
Les incertitudes restaient nombreuses, et le chemin qui t’a mené jusqu’à la mort, ne te poussait pas à faire preuve d’un optimisme à toute épreuve, mais tu ne pouvais t’empêcher d’éprouver une grande impatiente au regard de ce qui se profilait devant toi… Tu étais indubitablement sereine et prête à accueillir la vie avec le meilleur regard que tu pouvais encore lui donner… je n’oublierai jamais tes mots : “seuls les poissons morts se laissent porter par le courant”. Tu ne voulais pas être quelqu’un d’autre, juste meilleure, toujours meilleure, dans toutes tes vies…et ta double dichotomie t’empêchait à chaque fois de dépasser les 30 ans…et si tu courrais toujours derrière un idéal, tu t’étais faite à l’idée que les trajectoires se rapprochent sans jamais se croiser…Le centre n’était plus dans le cercle.
Il y avait toujours le chaos dans ta tête, le doute, le futur qui t’arrivait dans la gueule, les hauts, les bas, pas mal de lignes droites. Le temps s’accélérait et tu cherchais encore à le saisir au mieux, à maitriser les oscillations capricieuses de ton histoire. Tout a une fin, et ici ton geste attendu a abouti à une courbe voila tout.
Certains s’obstinent à voir en toi la survie que tu as mené jour après jour, cet enchainement insignifiants de joies et de frustrations entremêlées…Tes mots, les feront taire tous: « Les louanges que certains me chantent ne sont rien face à l’abandon qui me vient de la part des personnes que j’estime le plus. Je continue de faire du surplace. Je continue de faire du surplace sur tous les plans. Inadaptée, je fais pourtant de mon mieux pour me fondre dans le décor insipide de nos vies rectilignes”. Certes, je repense à ta souffrance, exprimée avec tant de banalité, de désinvolture. Je brûle de ton absence, de la froideur de ta fin que j’ai de plus en plus de mal à dissocier de la mienne, et je ne parviendrais jamais à apprécier, sans artifices, un monde que tu as quitté bien trop vite. Tu t’en moques je sais et tu as bien raison.
Tu disais: “Un jour, je m’éteindrais, et même au repos éternel je saurais manifester mon mécontentement. L’impression qu’il me manque quelque chose qui semble évident au commun des mortels dont je m’efforce de faire partie.”… Je sais aujourd’hui que tu voulais comme Damiel cette revanche du duo… Et comme Hölderlin tu t’es vu poussé une aile dans la bouche, entre visible et invisible qui se consument.
Enfant de la nuit, nous sommes tes orphelins, parce que ta mélancolie avait un gout de Paradis, et tu étais un ange… brisure brutal de ton rêve, tournées manèges et sortilèges …Qui a admiré ta déchéance ? Qui ? Te sauver en te condamnant et te dire que tu avais la réponse…J’ai vu tout cela dans ton regard, tu avais fini de cacher tes ailes froissées sous le manteau de tes errances.
Damiel Comme toi n’en pouvait plus de cette conscience inutile, témoin d’un monde en pleine déchéance, statique, sans renouvellement, et même si comme toi il voulait le bien de tous les hommes, impossible en était la réalisation. Il a sauté parce qu’il voulait avoir « son histoire » Descendre de la tour et échapper à l’œil de Sauron. Ne pas changer le monde, mais juste changer de monde…t’infiltrer dans les choses. Est ce qu’il y a un mot pour toute cette lumière ? Il y en avait.
Bataille vaine, dans ton esprit, des mots qui ne pouvaient plus trouver leur chemin. Je pourrais écrire des pages et des pages, déterrer encore et encore le sens…Et quand la vie est si fragile, que reste t il Mel si tu n’es plus qu’un nom sur une plaque de marbre ? A se sauver mutuellement, à avoir été la lampe et la lumière. Prendre conscience que si nous avons cru un jour que tu aurais notre peau, c’est bien la route qui a eu la tienne…Mais , des parties de toi demeurent, ce que tu appelais « paillettes » , j’en riais les prenant pour poudres de clochettes ….mais elles sont bien la, souvenirs brulants, devenus douloureux, mais c’est la qu’il faut chercher maintenant « derrière les casseroles la piste des étincelles » car « stupide celui qui laisse le soleil se coucher « dit Daliah; et à force de repasser les souvenirs d’instants froissés par le temps, réapparaissent les auréoles; lames de fond aux profondeurs des fibres entrelacées de regrets inavoués, trames distantes de pleurs en cris étouffés; La pertinence de la blanchisseuse est dans l’inaptitude à noircir tes étincelles.
Les images engendrées par tes mots; tes mots, nés de toutes ces images, ne cessent d’armer la colère; les cris nés de cette mosaïque ensanglantée n’écorcheront même pas les consciences aliénées endoctrinées par le bien être des destructeurs, gavés, regorgeant de toutes les insipidités qu’ils créent, élèvent et tuent.
La haine et le mépris versés d’un humain vers l’autre. Chères ombres, ne font qu’empirer mon dégoût pour leurs gloires.