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thomas-bernhard-

Mais ou as-tu fourré ton contrat avec la patrie,

ce chiffon de papier crasseux ?

Quand tu poses la question, nul ne sait ou tu es,

personne ne t’a jamais vu, jamais entendu,

même l’arbre ne connait ton nom, même la ville,

dans aucune rue ils ne t’ont cherché…

Quand tu poseras la question, c’est l’hiver qui te répondra;

il ne sait rien, même le bourgmestre,

même le préfet dans la Résidence rien !

même parmi les chiens tu n’es un sujet de conversation…

Quand tu poses la question, ils secouent leurs têtes..

Quand tu poses la question, ils sont tous morts, morts

pour rien et pour cet unique ignoré de tous…

nul ne pleure sur lui;

lui qui fut égal en naissance comme nous tous….

Décennies sacrifiées

pour une procession balayée par la pluie

pour un dérisoire sermon aux pauvres,

pour l’habitus du boucher,

pour le laurier rongé de vers

des chimères infinis

moi ordonnateur du désordre

j’ai enseveli à l’ombre des grands arbres

les membres décomposés…