Que reste t il du bon but lorsqu’on a donné raison au mythe Napoléonien ? (mot générique qui englobe bien des mythes contemporains). Quand on se propose de tels buts dans son fort intérieur, le résultat final est déterminé d’avance. L’imprévu, le fortuit deviennent une nécessité objective.
Un noyau en apparence invulnérable, inattaquable autour duquel gravie le « moi » peut déclencher une fusion nucléaire. On ne comprend rien ni aux paroles ni aux actes, si l’on ne garde constamment à l’esprit ce qui fait son essence permanente : Son rêve. Un rêve maudit pour certains : la gloire.
Dans « guerre et paix » de Léon Tolstoï…André Bolkonski Rêve de son « Toulon » : «Hé bien, et ensuite? …ce qui arrivera ensuite, je n’en sais rien, je ne veux pas, ne peux pas le savoir ; je veux cela, je veux la gloire, être connu et aimé des hommes, et pourtant ce n’est pas ma faute si je le veux, si c’est tout ce que je veux, et si je ne vis que pour cela. Oui, uniquement pour cela ! Je ne l’avouerai jamais à personne, mais mon D.ieu ! Que veux tu que j’y fasse, si je n’aime rien que la gloire, être aimé des hommes.
Ni la mort, ni les blessures, ni la perte de ma famille, rien ne me fait peur. J’ai beau chérir avec tendresse bien des êtres, mon père, ma sœur, ma femme, mes êtres les plus chers : aussi horrible, aussi monstrueux que cela paraisse, je les donnerai tous pour un moment de gloire et de triomphe sur les hommes, pour me faire aimer d’hommes que je ne connais même pas et ne connaitrai jamais». L’homme est responsable même de ses désirs inconscients et de son rêve maudit.
Pour bien écrire il faut “souffrir ” disait Dostoïevski, c’est à dire être torturé par le doute pour le bien de tous. À quoi servirait aujourd’hui de prendre sa plume si ce est pour lever bien “haut l’étendard de l’honneur”??.