1-crise du langage : L’ouvrage de Sand, à mon sens, illustre la confrontation anthropologique qui existe, depuis l’exil, entre la définition exogène et endogène du peuple juif, dont le problème est la logique de la causalité sémiotique et culturel. En effet la contrainte idiomatique, conduit à une réduction cléricale de l’identité juive, à partir du moment où les juifs sont exilés ils deviennent objet des nations et le judaïsme va être réduit à une religion (juifs représentants du livre).

Cette réduction cléricale va résolument au bout de plusieurs siècles, et fait apparaitre le juif comme une simple identité religieuse (il suffit d’ouvrir un dictionnaire).Le contre discours devient alors difficile à retenir, car les intellectuels aujourd’hui au lieu d’aller à contre opinion, préfèrent au contraire l’enrichir en étant le réceptacle de l’opinion commune et des définitions sémantiques, ce qui est à mon sens extrêmement grave.

2- la confusion du temps : La méthode de lecture historique à rebours de Sand ignore tout de la dynamique du renouvellement du peuple juif et ignore tout du (toldot Adam=l’ensemencement de l’humain) ce qui dès le départ ne pouvait que arriver vers un résultat erroné (pour être gentille). En ce sens ou il est vrai que le peuple juif n’existe pas comme une réalité donnée…Il n’y a pas chez lui “le design” de Heidegger, car Israël est un projet dont l’identité est en perpétuelle mutation… Mais toujours en continuité constante (voir par exemple l’étude des 4 fils du Seder de Pessah). Il est alors très difficile à analyser en dehors de ce cadre, et la démarche historique de Shlomo Sand est inapplicable à partir du moment ou il refuse de reconnaitre l’altérité qui est un principe fondamentale dans cette évolution, et à aucun moment le peuple juif d’un point de vue Torahique ne s’est reposé sur une origine ethnique, car comme on peut lire dans le (Sanhédrin 74, a) tout est une invention sauf le sang qui coule dans nos veines :
« Un homme alla voir Rabba et lui dit :
– Le gouverneur de ma ville m’a dit que si je ne tuais pas telle personne, il me tuerait.
Rabba lui répondit :
– Laisse le te tuer mais ne tue point. Qui te dit que ton sang est plus rouge ? Peut-être le sang de cet homme est plus rouge que le tien ?”.

S.M