Tags

,

“En dissociant le corps et l’âme, nous les dissocions de tout le reste. Nous nous condamnons ainsi à une solitude qui ne peut être compensée que par la violence, à l’égard des autres créatures, de la terre et de nous-mêmes. Car, quelles que soient les frontières que nous traçons, entre le corps et l’âme, entre le corps et la terre, entre nous-mêmes et les autres, les liens, les dépendances et les identités demeurent.

Pour quiconque observe attentivement une foule, il est évident que nous épuisons nos corps de la même façon que nous épuisons la terre. Nos corps sont gras, faibles, tristes, maladifs, laids, à la merci de fabricants de médicaments et de cosmétiques. Nos corps sont devenus marginaux. Comme nos terres marginales, leur inutilité ne cesse de croitre, car nous avons de moins en moins besoin d’Eux. En dehors de certains jeux et passe-temps qui se sont développées dans le jeunesse moderne, nous n’utilisons nos corps qu’à titre de cartons d’expédition qui nous permettent de transporter nos cerveaux et les quelques muscles dont nous avons besoin pour nous rendre au travail.

Quand à nos esprits, ils se consolent manifestement de plus en plus en achetant des choses. Ils n’aspirent plus a vivre leur vie sous forme d’une œuvre théâtrale sublime oscillant entre la tristesse et la joie, et se nourrissent désormais de petites secousses d’avidité, de scandale et de violence.”

Wendell Berry, la santé de la terre.