Tombant, le plus lourd réunit
l’apesanteur libère
au bout de quoi nous nous dispersons
À nos destinations d’infortune.

la paroi qui était familiere
defait les jours un à un
l’aphasique attend dans le plus complet dénuement
Les mots étant usés
Les antonymes gelés
soustraient les mots de la langue.

Non il n’y a plus rien au fond de la logorrhée
Discussion interminable
où aucun mot n’est à sa place
et les corps qui encombrent désormais toute la place.

Derniers tests de la voix
suite de vibrations qui modèlent le réel
et les mots qui tout de suite déraillent.

Dans la fièvre des jours
l’aphasique regarde les autres plonger
le plus courant le plus triste des spectacles
le plus inutile
Leur réussite fut totale
l’avenir muselé était déjà mort à leur pieds.

Toute la journée à éplucher la même pomme pas mûre
Rassuré de planter son bâton au milieu de la brume allant s’épaississant
La nuit dernière
un rêve de paquebot en naufrage
les containers remplis de carcasses de baleines
À la lune absente des rêves orphelins
la nuit d’automne renverse et avale la mer.

Quand le monde devient plus simple
la tristesse s’avance
remonte
alors vraiment le monde devient plus simple
sa fixité est enivrante
tant de choses à disposition
pendant que tant d’autres choses arrivent encore.

Arrêt imprévu au terme improbable
Après exploration alentour (rien ne diffère)
et tergiversations reste encore le temps d’apprendre
reprendre les étapes
prendre acte
mais déception encore
tout était déjà su.

Il nous a été si pénible de nous arracher
que l’illusion seule suffit
Nous aurons vécu pour ça
Inamovibles gardiens de l’ordre
derniers remparts
légendes et faux-souvenirs
soulagent un peu du passé.